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Les sorcières de Salem
The Crucible

Arthur Miller

  • Mise en scène, scénographie : Alain Grand
  • Assistanat : Serge Castella
  • Décor : Sandrine Tona
  • Lumières & régie générale : Martial Lambert
  • Costumes, habillage : Linda Guenin
  • Maquillage : Marie-Luz Garcia
  • Direction chant : Alexandre Raemy
  • Univers sonore : Yannick Neveu
  • Musique : György Ligeti, Richard Harvey
  • Captation : Mathieu Brulhart
  • Techniciens montage : Pierre-Alain Vannaz, Thomas Roulin
  • Construction du décor : Sandrine Tona, Guy Dafflon
  • Graphisme publicitaire : Lucien Roussy
  • Photographes plateau : Hector Sudan, Marc-Olivier Guenin
  • Personnel d'accueil : Gonzague Quiquerez, Ana Fontes Martins, Quentin Van Wynsberghe, Camille Sudan
  • Coproduction : Collège du Sud, Théâtre du Latécoère, CO de la Gruyère
Jeu :
  • Julien Mossu
  • Jérémie Veuthey
  • Frédéric Turrian
  • Obrian Herzig
  • Romain Borcard
  • Gjon Muharremaj
  • Alexandre Raemy
  • Thomas Roulin
  • Brian Oberson
  • Coralie Brêchet
  • Alix Verdillon
  • Laëtitia Dutheil
  • Joann Taylor
  • Kristen Ségolène Edzoa Biloa
  • Cassandra Melika Savin
  • Naëli Bapst
  • Sandrine Bouquet
  • Fannie Blakaj
  • Zoé Colliard
  • Igaëlle Venegas
  • Julie Böhning

Synopsis

L

action se situe dans le petit village de Salem, dans le Massachusetts. Ayant surpris les relations coupables que sa servante, Abigaïl, entretient avec son mari John Proctor, Elisabeth chasse la jeune fille. Pour se venger, Abigaïl se livre avec quelques fillettes de Salem à des pratiques de sorcellerie. Surprise dans ses manoeuvres et pour échapper aux sanctions qu'elle encourt, elle se prétend victime des sorcières. La cour de justice formée dès le début de cette affaire va envoyer à la potence toutes les personnes dénoncées comme sorcières par les fillettes qu'Abigaïl tient sous son pouvoir. Elisabeth se trouve naturellement parmi les victimes de son ancienne servante. Pour sauver sa femme, John Proctor vient devant le tribunal faire l'aveu des relations qu'il entretenait avec Abigaïl, pensant ainsi prouver que la jeune fille n'a agi que par vengeance et pour éliminer une rivale. Mais les circonstances de l'interrogatoire sont telles que John Proctor passe lui aussi dans le rang des accusés et est condamné à la pendaison. Après une dramatique entrevue avec Elisabeth, il sera pendu avec d'autres présumés sorciers et sorcières. Ni la révolte des autres paysans, ni la fuite d'Abigaïl ne peuvent sauver les condamnés.

Note

A

l'origine, l’action se déroule au XVIIème siècle, dans une petite communauté puritaine de la Nouvelle-Angleterre. Arthur Miller se sert de ce fait divers pour dénoncer la terrible "chasse aux sorcières" dont il fut la victime ainsi que bien d’autres dans les années cinquante. Effectivement, le sénateur McCarthy, hanté par le communisme et l’infiltration de celui-ci dans tous les rouages de la société américaine, organise la traque et la surveillance de sympathisants supposés ou réels de l’URSS. L’atmosphère devint tellement irrespirable que des artistes en arrivèrent à quitter les Etats-Unis. Ce fut le cas notamment de Charlie Chaplin.

La même intolérance, le même aveuglement ont sévi et détruit des familles entières, voire l’économie de la région au XVIIème siècle. La ville de Salem se déchire à propos du Révérend Parris qui apparaît comme un homme assoiffé d’argent. Sa fille Betty, âgée de dix ans, est plongée dans un état cataleptique. Elle a dansé autour d’un feu une nuit en compagnie d’Abigaïl Williams, d’Ann Putnam et d’autres dont l’esclave Tituba. Un mal mystérieux la saisit et il n’en faut pas beaucoup à cette communauté puritaine taraudée par la jalousie, l’envie, la frustration pour laisser libre cours aux plus folles superstitions. Ce que laisse entendre la pièce d’Arthur Miller, c’est que la chasse aux sorcières est l’occasion de règlements de compte. Le révérend Parris se lamente sur son infortune, sur l’argent. Il choque les paroissiens tant cette obsession est bien peu chrétienne.

Le puritanisme est un corset redoutable qui nie tout désir et quand on cède à ce dernier, quand on cède à la vie, les remords n’en sont que plus amers et violents. Proctor, le fermier laborieux, a péché avec Abigaïl qui ne renonce pas à le reconquérir, qui veut éliminer l’épouse fidèle. Son ancien amant la repousse, affront ultime pour cette jeune fille manipulatrice et revancharde. Salem souffre de ces désirs conçus comme péchés majeurs. Elle est rongée par ces interdits qui laissent place à l’hystérie, à la superstition. Mme Putnam en est un exemple, qui voit le démon partout même quand la comédie se déroule sous ses yeux. La raison a déserté Salem et ses habitants. Certains résistent comme Rébecca Nurse, qui pense que si les enfants de Mme Putnam sont morts, c’est de maladie et non de sorcellerie. Elle sera exécutée.

Le summum de l’intolérance fanatique, car il s’agit bien de fanatisme, est atteint lors d’une parodie de procès. Le député gouverneur Danforth incarne cette justice obtuse, insensible à la détresse humaine car parole de Dieu. C’est un homme fermé, superstitieux et inflexible. Les innocents mourront, se sacrifieront comme John Proctor. Écrite en 1953, Les Sorcières de Salem restent toujours d’une tragique actualité.

L'auteur

M

iller naît dans une famille d’immigrants polonais juifs de la classe moyenne, à Brooklyn (New York, États-Unis). Son père, Isadore Miller, illettré, a du succès dans son métier de tailleur d’habits féminins. Sa mère, Augusta, est institutrice. Arthur est le dernier de trois enfants : Kermit, qu’il admire beaucoup, et Joan. Toute la famille vit à Manhattan, près de Central Park jusqu’en 1929. La Grande Dépression ruina son père, ce qui amena la famille à déménager pour Harlem. L'écriture de Miller fut fortement influencée par cet événement. Miller est scolarisé à la Public School de Harlem, de 1920 à 1928. Il voit sa première pièce (un mélodrame) jouée au Schubert Theatre en 1923. À la Lincoln High School de Brooklyn, Miller est un élève médiocre mais un athlète confirmé. Il apparait généralement comme un non-intellectuel. Il est refusé aux universités de Michigan et Cornell et commence à travailler dans un entrepôt de pièces détachées pour automobiles, où Miller est confronté à l’anti-sémitisme, ce qui influencera aussi ses œuvres. A cet époque, Miller lit les œuvres de Charles Dickens et de Fedor Dostoïevski. Il économise une grande partie de son salaire pour pouvoir en 1934 postuler de nouveau à l’Université du Michigan où il est cette fois reçu. A l’Université de Michigan, Miller étudie le journalisme et le théâtre, s’intéressant particulièrement au théâtre classique grec et aux œuvres d’Henrik Ibsen. Pendant les vacances du printemps 1936, il écrit pour l’Avery Hopwood Award (qu’il remporte) sa première vraie pièce : Honors at Dawn. La pièce a comme sujet une grève et l’incapacité du héros de s’exprimer. En 1938, Miller est diplômé en anglais. Il garde de ses études outre une des bases qu’il lui faut pour devenir le dramaturge qu’on connaît, une blessure de football américain qui lui vaudra d’être exempté de service militaire pendant la Seconde Guerre mondiale. De plus, l’université l’honorera par la suite, en lui décernant un Doctorat honoraire de Humane Letters en 1956. En 1940, il épouse Mary Slattery. Il en divorcera en 1956. En 1949, Mort d’un commis voyageur gagne le prix Pulitzer, trois Tony Awards et le New York Drama Critics Circle Award. C’est la première pièce à n’avoir jamais gagné les trois. Sa pièce suivante, les Sorcières de Salem est jouée pour la première fois à Broadway le 22 janvier 1953. En juin 1956, en plein maccarthisme, il est convoqué pour s’expliquer devant la Commission des Activités non-américaines. Il a en effet été nommé par Elia Kazan comme ayant assisté à des meetings du Parti communiste. Il admet être allé à certaines réunions mais nie être communiste. Il a en effet assisté à 4 ou 5 réunions d'auteurs sponsorisés par le parti communiste en 1947. Il a aussi supporté une conférence pour la paix à Waldorf-Astoria à New York. Et il a signé de nombreux appels et pétitions. Il refuse cependant de citer d'autres personnes associées à des groupes gauchistes ou supposés communistes. Le 31 mai 1957, Miller est déclaré coupable d’outrage au Congrès pour avoir refusé de révéler les noms de membres d’un cercle littéraire suspecté d’affiliation communiste. Sa condamnation sera annulée en 1958 par la cour d’appel américaine. C’est aussi en 1958 que Miller publie un recueil de ses pièces, intitulé Collected Plays. Le 29 juin 1957 il épouse Marylin Monroe que Kazan lui avait présenté 8 ans auparavant. Le 24 janvier 1961, il divorce d’elle. Et c’est un an plus tard, le 17 février 1962, qu’il épouse Inge Morath. Ils s’étaient rencontrés lorsque elle et d’autres photographes de l’agence Magnum, lors de reportages sur The Misfits. Ils auront deux enfants : Rebecca et Daniel. D’après le biographe Martin Gottfried, Daniel est né en 1962 avec le syndrome de Down. Miller l’a placé dans une institution à Roxbury et ne lui a jamais rendu visite (bien que Morath si). Miller ne parle pas de Daniel dans Timebends, son autobiographie de 1987. Miller est politiquement actif tout au long de sa vie. A la convention démocrate de 1968 il sera même délégué pour Eugene McCarthy. En 1985, il visite la Turquie et y est honoré à l’ambassade américaine. Mais il quitte le pays plus tôt que prévu, en protestation après que son compagnon de voyage Harold Pinter est expulsé pour avoir parlé de la torture. Le 1er mai 2002, Miller reçoit le prix de littérature espagnol Principe de Asturias en tant que maître indiscuté du théâtre moderne. En décembre 2004, Miller (alors âgé de 89 ans) annonce qu’il vit avec Agnes Barley, une artiste de 34 ans, depuis 2002 et qu’ils comptent se marier. Cependant, Miller meurt chez lui le 10 février 2005 d’une insuffisance cardiaque.

Captation du spectacle