on Pedro revient de guerre victorieux avec sa compagnie sur les terres de son ami Léonato. Béatrice, « dame à l’esprit plaisant », retrouve Bénédict. Ce sont de vieilles connaissances qui s’échangent des moqueries brillantes. Claudio, jeune et naïf ami de Bénédict, tombe amoureux de Héro. Leur mariage s’organise presque immédiatement, et par manière de plaisanterie, la compagnie de Don Pedro complote pour faire tomber Béatrice et Bénédict amoureux. Dans le même temps, le fourbe Don Jean conspire par jalousie à saboter les fiançailles de Héro et Claudio. Il fait croire à Claudio que sa promise lui est infidèle. À la cérémonie de noces, Claudio humilie publiquement Héro, l’accusant de « sauvage sensualité » et d’ « impiété ». Le frère François, qui soupçonne un malentendu, suggère en secret à la famille de Héro de la cacher pour quelque temps et de faire croire à sa mort jusqu’à ce que son innocence soit prouvée. Peu après la cérémonie, Béatrice et Bénédict s’avouent leur amour; Bénédict, fiancé et désormais loyal à Béatrice, provoque à sa demande son ami Claudio en duel pour venger la mort supposée de Héro. Heureusement, la police locale appréhende les complices de Don Jean, ce qui prouve l’innocence de Héro et la duplicité de Don Jean. Léonato exige que Claudio témoigne au monde de l’innocence avec laquelle Héro est morte et épouse une autre de ses nièces, « presque la copie de l’enfant morte ». Claudio accepte et se prépare à épouser la supposée cousine de Héro. À la cérémonie, le masque de la mariée tombe et découvre Héro. Bénédict demande la main de Béatrice, qui accepte. Les deux couples et leurs compagnons peuvent librement fêter leur union.
Le titre dit tout de la pensée de la pièce : on s'agite, on rit, on s'affronte, on chante, on frôle le drame mais au fond, il ne se passe rien. C'est une oeuvre légère mais qui, comme très souvent avec Shakespeare, tutoie la tragédie. Deux intrigues en miroir, deux couples : Héro et Claudio s'apprêtent à célébrer leur mariage mais des insinuations calomnieuses conduisent Claudio à interrompre brutalement la cérémonie. Bénédict et Béatrice, tous deux farouchement réfractaires à l'idée de mariage, ne se supportent pas mais vont être poussés dans les bras l'un de l'autre par la ruse de leurs amis. Dans les deux cas, c'est la rumeur qui aiguillonne les sentiments : c'est la forme qui crée le fond. Tout est affaire de faux-semblants. Shakespeare fait de ce constat amer une fête jubilatoire. Il nous invite à danser le désenchantement du monde. De cette contradiction naît la mélancolie de Béatrice. La scénographie nous plonge dans la magie des années folles d’où émanent des désirs de fêtes, de sexe, de danses avec en toile de fond une récente guerre que les protagonistes veulent oublier pour se réinventer sous les couleurs de la légèreté. C’est là, dans cet entrepôt désaffecté transformé en salle des fêtes que vont résonner les tumultes et les mystères des sentiments amoureux...
- Béatrice : Est-ce que vous ne m’aimez pas ?
- Bénédict : Ma foi, non. Pas plus que de raison. Alors vous ne m’aimez pas ?
- Béatrice : En vérité, non, sinon par retour d’amitié.