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Hot house
(La serre)

Harold Pinter

  • Mise en scène, scénographie, dramaturgie : Alain Grand
  • Assistanat mise en scène : Cyril Metzger
  • Lumière : Marc Boyer
  • Décor : Sandrine Tona, Guy Dafflon, Martial Lambert
  • Costumes, masques, accessoires : Linda Guenin
  • Univers sonore : Yannick Neveu
  • Musique : Toru Takemitsu
  • Graphisme publicitaire : Keel Chan
  • Régie générale : Jacques Modoux, Loïk Derré
  • Régie plateau : Yooby Gigandet
  • Photographe plateau : Aurélien Espinasse
  • Captation : Matthieu Brulhart
  • Enregistrement studio : Jacques Modoux
  • Technicien plateau : Thomas Roulin
  • Logistique générale : Cyril Metzger
  • Personnel d'accueil : Gonzague Quiquerez, Valentin Blein, Rozenn Derré
  • Coproduction : Collège du Sud, Théâtre du Latécoère
Jeu :
  • Elodie Colonello
  • Guillaume Dreyer
  • Sylvain Grangier
  • Julien Mossu
  • Thomas Roulin
  • Lucien Roussy
  • Quentin Van Wynsberghe

Synopsis

L

e jour de Noël, un mort et une naissance dans les murs d’une institution. Le directeur, despote tatillon, demande des comptes à l’un de ses subordonnés. La situation semble grave. Où est-on ? Dans une maison de repos, un asile psychiatrique ? C’est un univers carcéral qui reste indéterminé mais où l’angoisse suinte de chaque recoin, de chaque bureau. On y parle de patients qu’on désigne par des numéros… le directeur s’emporte, exige des détails, toujours plus de détails, une enquête approfondie…

« Au théâtre, il n’y a rien à comprendre, mais tout à sentir. »
Louis Jouvet

« Une simple vérité peut souvent être quelque chose de plus effrayant que l’ambiguïté et le doute. »
Harold Pinter

Note

L

e pouvoir, l’institution… Tout tourne autour de ces deux concepts qui sont fantastiquement analysés : rapports de pouvoir entre les employés, relation à l’autorité, au règlement, les manières perverses d’un directeur mégalomane et paranoïaque, dans une institution déshumanisée, où malgré les carcans des règlements pointillistes, la machine se dérègle peu à peu, inexorablement.

Un univers carcéral qui glisse sournoisement vers la folie. Ce directeur, peut-être responsable du naufrage, mais sans doute pas autant que l’on pourrait le croire, semble caricatural à première vue. Mais il ne l’est pas tant que cela : au fond, à bien y regarder, ses travers maniaques sont moins dus aux particularités d’un individu précis, mais bien plutôt une conséquence presque irrémédiable de cette forme de pouvoir incarnée dans un seul individu, quel qu’il soit : un glissement inévitable nous suggère Harold Pinter, glissement engendré par la nature même du pouvoir.

La violence de l’institution, la veulerie des soumis, les calculs des courtisans : c’est la métaphore du pouvoir tel qu’il existe encore malheureusement dans beaucoup d’entreprises ou d’administrations, même s’il se donne à voir différemment aujourd’hui, même s’il sait prendre des masques plus avenants, celui de la cordialité et de l’hypocrisie en particulier. La réalité du pouvoir, quand les masques tombent, c’est encore trop souvent ça, et c’est ce qui fait la force extraordinaire de la pièce d’Harold Pinter ; Même si cette pièce a été écrite en 1958, elle est intemporelle et toujours d’actualité. Elle est universelle, en laissant le flou sur l’univers concentrationnaire qu’elle dépeint : toute institution peut opérer ce glissement pervers et se dérégler peu à peu pour aboutir à l’horreur de la déshumanisation. La puissance extraordinaire de ce texte, c’est son pouvoir symbolique. Et il est magnifiquement servi par une remarquable interprétation.

Satire féroce sur le pouvoir et l'ambition, à la fois comique et terrifiante, Hot House est une oeuvre de jeunesse. Harold Pinter y explore avec un humour kafkaïen, le danger permanent inhérent au langage (malentendus, sous-entendus, pas entendus du tout) et les comportements qui en résultent (paranoïa, aliénation, sado-masochisme, schizophrénie).

Les personnages de Hot House sont les cadres d'une institution bureaucratique non définie. Des patients, que l'on ne voit jamais, sont nommés par des numéros matricules. S'agit-il d'une maison de repos, d'un hôpital, d'une prison, d'un camp de concentration ? Dans une lutte intestine pour le pouvoir, les protagonistes, en professionnels névrosés, jouent jusqu'à la lie cette anti-fable, où le comique va de pair avec la cruauté.

L'auteur

H

arold Pinter, Prix Nobel de littérature en 2005, est né le 10 octobre 1930 à Londres, de parents juifs immigrés. L'anti-sémitisme joue un rôle important dans son envie d'écrire des pièces de théâtre. Il prend des cours de théâtre dans les écoles londonniennes les plus prestigieuses tout en publiant ses premiers poèmes dans des journaux.

En 1957, la première pièce de Pinter, The Room, écrite en 4 jours, est présentée à l'université de Bristol. La même année, il en écrit une autre, The Dumb Waiter, qui ne sera jouée qu'en 1960, après le succès de ses deux pièces suivantes, The Birthday Party et The Caretaker. Dès lors, il est considéré comme un grand du théâtre anglais. On crée même un terme autour de son nom, "Pinteresque", pour désigner ces pièces à la fois sombres et claustrophobiques, où la vie des personnages est irrémédiablement marquée par l'horreur et la culpabilité.

Puis Harold Pinter commence son travail pour le cinéma en tant que scénariste avec des films tels que The Servant ou Accident. Il écrit même le scénario d'un film adapté du roman de Marcel Proust, Le Temps retrouvé, mais le film ne voit jamais le jour. Malgré tout, le scénario est publié et son travail acclamé ! En 1974, il signe Butley, adapté de la pièce de Simon Gray. C'est sa première expérience en tant que réalisateur pour le cinéma (il repassera derrière la caméra dans les années 80, mais pour la télévision). Harold Pinter est ensuite nommé par deux fois aux Oscars dans la catégorie Meilleur scénariste pour La Maitresse du lieutenant francais (1981) et Trahison conjugale (1983), l'adaptation de sa propre pièce.

En 2005, Harold Pinter annonce qu'il arrête sa carrière de dramaturge pour se consacrer à la poésie. Dans le même temps, il se politise de plus en plus en prenant par exemple position contre le gouvernement Bush et l'intervention en Irak. Cela ne l'empêche pas de continuer à travailler pour le cinéma puisqu'il scénarise Le Limier - Sleuth, adaptation de la pièce d' Anthony Shaffer emmenée par Michael Caine et Jude Law et dans laquelle il effectue une petite apparition.

Captation du spectacle