n homme poursuit de ses ardeurs une femme mariée jusque dans son salon. Honnête et rongée de scrupules, celle-ci se plaint de cette situation à son mari qui reconnaît dans l'intrus un de ses anciens amis ! Retrouvailles qui installent le prétendant au sein du foyer. Pour échapper au harcèlement la fidèle épouse déclare : « Je ne serai à vous que si un jour mon mari me trompe : » A partir de là tout bascule, les personnages anodins vont ouvrir des gouffres, tandis qu'une compromettante et lointaine relation resurgit !!!
Le Dindon
Georges Feydeau
- Mise en scène, scénographie : Alain Grand
- Assistanat : Serge Castella
- Décor, accessoires : Lucia Sulliger
- Maquillage, coiffures : Julien Charrière
- Costumes : Linda Guenin
- Création lumières, régie générale :
- Photographies, graphisme publicitaire : Anouk Geinoz
- Captation : Mathieu Brulhart
- Orphée Machy : Edmond Pontagnac, ami de Crépin Vatelin
- Emilien Margelisch: Crépin Vatelin, avoué et collectionneur de tableaux
- Timothée Duc : Ernest Rédillon, meilleur ami de Crépin Vatelin
- Egide Denis : Narcisse Soldignac, ami de Crépin Vatelin
- Zack Serres : Monsieur Pinchard
- Titouan Ruprecht : Gérome, domestique de Rédillon
- Nils Gauthey : Jean, domestique des Pontagnac, Le deuxième commissaire, un voyageur
- Elias Baur : Victor, chasseur de l'hôtel Ultimus
- Maëlle Gremaud : La gérante de l'hôtel Ultimus
- Emma Cottet : Premier commissaire
- Lisa Scheffeldt : Lucienne Vatelin
- Giulia D'Onofrio Perez : Clothilde Pontagnac
- Jenifer Fumeaux : Maggy Soldignac
- Élisa Monnard : Madame Pinchard
- Lou Turrian : Armandine
- Emma Bermudez : Clara, femme de chambre de l'hôtel Ultimus
- Elisabeth Kossmann : Une voyageuse
L'Histoire
Note
'est bien le couple, en tant que tel, que Feydeau exhibe devant nous, avec ses dessous et son bagage de rancœurs accumulées, chacun usant l'autre et le vidant de ses forces, dans une vision aussi noire que dans l'œuvre de Strindberg. On comprend assez bien, dès lors, ce que Georges Feydeau veut dire, quand il déclare que le comique est la « réfraction du drame » : de la même manière que, lorsqu'un rayon lumineux rencontre un obstacle, il change de direction et se trouve brisé à son point d'impact, le rire naît d'une déviation de trajectoire, à partir de la même réalité où l'effet dramatique puise sa source. Il prend une autre impulsion, dans un champ différent et il met en œuvre une stratégie qui lui appartient en propre.
L'auteur
ils du romancier Ernest Feydeau, Georges Feydeau (1862-1921) prend la relève de Labiche et porte à sa perfection le vaudeville. Il est pris très tôt par le démon d'écrire et, dès la fin de ses études, il entre dans une double carrière mondaine et théâtrale. Il écrit d'abord des monologues que des acteurs célèbres récitent dans les salons, et deux courtes pièces en un acte représentées à l'Athénée (Amour et Piano et Le Diapason, 1883), qui passent inaperçues. En 1887, il tire quelque gloire de Tailleur pour dames, mais suivent encore cinq années de difficultés. Monsieur chasse inaugure une ère de triomphes ininterrompus. Au rythme d'une à quatre pièces par an, Feydeau, à la fois auteur et metteur en scène, puise son inspiration chez Maxim's et sur le Boulevard, où il fait la célébrité du théâtre des Nouveautés en y créant la plupart de ses grandes œuvres : Champignol malgré lui (1892), Un fil à la patte (1894), L'Hôtel du libre-échange (1894), La Dame de chez Maxim (1899), La Puce à l'oreille (1907), Occupe-toi d'Amélie ! (1908). Puis son genre évolue vers des comédies (Le Bourgeon, 1906 ; La main passe, 1907) et des vaudevilles en un acte (Feu La Mère de Madame, 1908 ; On purge bébé, 1910 ; Léonie est en avance, 1911 ; Mais n'te promène donc pas toute nue, 1912 ; Hortense a dit « J'm'en fous », 1916). Malgré l'engouement de ses contemporains pour son théâtre, Georges Feydeau finit sa vie en solitaire mélancolique, séparé de sa femme et de ses deux enfants, jusqu'au jour de 1919 où il doit entrer dans une maison de santé. Sa production dramatique avait pris fin en 1916.
Plusieurs critiques contemporains n'ont pas hésité à trouver une parenté entre Feydeau et Eugène Ionesco. En effet, les deux auteurs « mettent l'accent sur l'ennui, la platitude, le manque d'initiative et d'imagination, l'isolement, l'impossibilité et le refus de communiquer, le désespoir, l'inutilité du langage » (Arlette Shenkan). L'un et l'autre créent « un univers absurde à la fois parfaitement logique et parfaitement fou » (Gilles Sandier). Cette idée donne à réfléchir mais ne doit pas faire oublier que le cadre et les règles des œuvres de Feydeau sont liés respectivement à la Belle Époque et au vaudeville.
Médecins, rentiers, hommes de loi, militaires, cocottes, tous les personnages s'agitent tels des pantins à la poursuite de leur convoitise, chacun cherchant à humilier l'autre ; peinture de la bourgeoisie aisée de la IIIe République dont le grand souci et le seul, semble-t-il, est une soif effrénée de plaisirs coûteux. Milieu superficiel et artificiel enfermé dans ses préjugés. Tous les procédés du vaudeville sont exploités avec une habileté de technicien du rire : coïncidences, rencontres imprévues, coups de théâtre, malentendus. Même artifice pour chaque pièce, le héros commence par un mensonge qui, s'enchaînant à d'autres, le précipite dans une succession ininterrompue de quiproquos et de situations extravagantes d'où naît un comique irrésistible. Le spectateur, du même coup, se trouve entraîné dans un mouvement accéléré qui tourne au vertige. On passe de la réalité banale à la folie. « La machine comique est aussi, pour finir, une machine infernale » (Gilles Sandier).
Très proche de Sacha Guitry, il sera son témoin lors du mariage de ce dernier avec Yvonne Printemps en 1919. La même année, les médecins lui diagnostiquent une syphilis et il est interné dans une clinique à Rueil-Malmaison, où il meurt deux ans plus tard, à l’âge de 58 ans.