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Les Bonnes

Jean Genet

  • Mise en scène, scénographie, dramaturgie: Alain Grand
  • Décor : Lucia Sulliger
  • Création lumières : Arthur Pasquier
  • Création costumes, coiffures, habillage : Linda Guenin
  • Maquillage : Marie-Luz Garcia
  • Photographies : Yves Mossu
  • Captation : Mathieu Brulhart
  • Personnel d'accueil : Equipe LF
  • Production : Compagnie des Longues Fourchettes
Jeu :
  • Jeanne Girard
  • Julien Mossu
  • Guillaume Dreyer

Représentations

13-14-15 octobre 2022 à 20h00 - sans réservation
Salle de spectacle CO de Bulle

Synopsis

D

eux soeurs, Claire et Solange, seules dans la chambre de Madame pendant son absence, jouent pour elles et entre elles, des variations sur le thème des bonnes et de Madame. Claire incarne Madame tandis que Solange joue de temps en temps le rôle de sa soeur Claire. Chacun des personnages menace de quitter ou de reprendre sa propre personnalité, ou d'inverser les rôles. Elles préparent un tilleul, chargé de gardénal, pour l'empoisonner. Comme on peut découvrir qu'elles ont par une lettre anonyme à la police dénoncé Monsieur, un moment arrêté, puis relâché, elles parlent avec véhémence toutes les deux, en tête à tête, de leur situation de bonnes et s'exaltent jusqu'à imaginer une mise à mort. Dans leur folie, elles hésitent entre vouloir assassiner Madame, le personnage réel, et Madame incarnée par Claire. Solange force Claire à boire le tilleul empoisonné.

L'auteur

D

eux soeurs, Claire et Solange, seules dans la chambre de Madame, "d'une dame un peu cocotte et un peu bourgeoise", pendant son absence, jouent pour elles, et entre elles, des variations sur le thème des Bonnes et de Madame. Claire incarne Madame tandis que Solange joue de temps en temps le rôle de sa soeur Claire. Chacun des personnages menace de quitter ou de reprendre sa propre personnalité, ou d'inverser les rôles. Elles préparent un tilleul, chargé de gardénal, pour l'empoisonner. Comme on peut découvrir qu'elles ont par une lettre anonyme à la police dénoncé Monsieur, un moment arrêté, puis relâché, elles parlent avec véhémence toutes les deux, en tête à tête, de leur situation de bonnes et s'exaltent jusqu'à imaginer une mise à mort. Dans leur folie, elles hésitent entre vouloir assassiner Madame, le personnage réel, et Madame incarnée par Claire. Solange force Claire à boire le tilleul empoisonné. Il faut donc prendre l'expression: poète du crime, de l'homosexualité et du vol au pied de la lettre. C'est en tant que poète, en tant que transmutateur, qu'il aborde "l'envers du monde", dont les lois les plus secrètes sont le désir, la violence, la transgression et la mort. Dès ses premiers vers (dans Le Condamné à mort), Jean Genet avait pris conscience de cette étrange vocation poétique. "Et fort de cette force ô reine je serai le ministre secret de ton théâtre d'ombres", ainsi apostrophait-il la mort.

Son oeuvre théâtrale reprend, avec la solennité, la violence et l'immédiateté propres au théâtre, la même tâche transformatrice et de célébration. Pour Jean Genet, le théâtre est avant tout un rite, un cérémonial rigoureux dans lequel sont à la fois exaltés et exorcisés les fantômes du désir, du crime, de l'amour et surtout de la mort: "Si nous opposons la vie à la scène, c'est que nous pressentons que la scène est un lieu voisin de la mort, où toutes les libertés sont possibles", écrit-il dans les Lettres à Roger Blin sur "Les Paravents".

Au fil des années, son oeuvre théâtrale acquiert aussi, en filigrane, un sens politique: la peinture des réprouvés est aussi celle des dominés, des marginalisés, des victimes, et, par une logique implacable, une dénonciation des bourreaux et des oppresseurs. Ici, vices et vertus, bien et mal, pureté et impureté, amour et cruauté, loi et transgression, etc, échangent indéfiniment leurs signes, et c'est ce qui fait de la lecture de Jean Genet un vertige et une fascination.

Captation du spectacle