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Noces de sang (BODAS DE SANGRE)

Federico Garcia Lorca

  • Mise en scène, scénographie : Alain Grand
  • Assistanat : Sylvain Grangier
  • Dramaturgie : Serge Castella
  • Décor, accessoires : Lucia Sulliger, Michaël Kilchoer
  • Maquillage, coiffures : Julien Charrière
  • Costumes : Elsa Raboud, Annoa Sudan
  • Création lumières, régie générale : Arthur Pasquier
  • Photographies, graphisme publicitaire : Antoine Genoud
  • Musique : Francisco Tarrega, Antonio de Lucena, Paco Nula,
  • José Matos Rodriguez, Issac Albéniz, Miguel Rubio, Narciso Yepes
  • Captation : Mathieu Brulhart
  • Montage technique : Equipe technique Salle CO2
  • Coproduction : Collège du Sud, Compagnie des Longues Fourchettes
Jeu :
  • Élisa Monnard : la mère
  • Giulia D’Onofrio Perez : la fiancée
  • Lorena Di Gennaro : la belle-mère, la voix
  • Jenifer Fumeaux : la femme de Leonardo
  • Sarah Alili : la servante
  • Lisa Scheffeldt : la voisine, une bûcheronne
  • Xavier Mettraux : Leonardo
  • Cyrus Son-U-Ta : le fiancé
  • Paul von Däniken : le père de la fiancée
  • Titouan Ruprecht : la lune
  • Marie-Prune Schaller : la mort, en mendiante
  • Daniela Sousa Campos : une jeune fille
  • Tamara D’Andrea : la jeune fille
  • Orphée Machy : un bûcheron, un garçon
  • Laly Castreje : une jeune fille, une invitée
  • Anouk Geinoz : la fillette
  • Maurane Morchetti : une villageoise
  • Angéline Mabboux : une villageoise
  • Louanne Herbez : une servante
Représentations

24-26-27 mai 2023 à 20h00
28 mai 2023 à 16h00

Salle CO2, la Tour-de-Trême

Sans entracte, durée : 1h30, collecte à la sortie.

L’Histoire

M

aintenant qu’il a réuni de bonnes terres, le jeune fiancé est prêt pour le mariage. Malgré les réticences de sa mère qui voit partir de sa maison le seul fils qui lui reste, la noce est fixée avec le père de sa promise. La cérémonie achevée et tandis que la fête bat son plein, la mariée est introuvable. Elle vient de s’enfuir avec son ancien fiancé, Leonardo. En pleine nuit, le marié part à leur recherche, mais c’est la jeune femme qui reviendra seule, couverte du sang des deux hommes.

Note

C

ette tragédie moderne m’a conduit à choisir de situer ce drame dans une esthétique contemporaine: une arène, lieu où le sang coule et lieu d’une mise à mort. Espace dépouillé réduit à sa plus simple expression permettant de traduire toute la puissance de l’action. C’est dans cet espace que les personnages crachent leur haine, leur amour, leur silence. L’espace de jeu ainsi défini va grandir au fil des actes pour devenir plus abstrait laissant ainsi s’exprimer les accents poétiques et mystiques d’une tragédie touchant à sa propre fin théâtrale. L’arène ne signifie pas pour autant une quelconque volonté de placer l’action en Espagne ou dans le sud de l’Europe, ladite tragédie étant universelle. En revanche, nous sommes bien dans une région écrasée par un soleil de plomb générant une chaleur extrême; ce climat agit comme un accélérateur émotionnel auprès des personnages.

Une trilogie rurale. Les trois derniers drames de Lorca. Ecrite en 1932, Noces de sang est le premier volet d’une trilogie de drames qui se déroulent à la campagne. Suivront Yerma, écrite en 1934, puis La Maison de Bernarda Alba, achevée l’année de la mort du dramaturge en 1936.

Tragédies populaires peuplées de fleurs, de couteaux, de chants et de sang, ces drames trouvent leurs sources dans des faits divers survenus en Andalousie au début du XXe siècle. Bien que cette trilogie nous raconte trois histoires différentes, on peut y voir une vraie chronologie dans le drame. Le fil rouge de ces trois pièces est la frustration et l’amour impossible. Dans Noces de Sang, la difficulté à aimer et la frustration sexuelle laisseront deux cadavres, le jeune épousé et l’ancien fiancé, morts avant même d’avoir pu goûter à l’amour tant désiré. Face à eux, la jeune mariée, encore vierge, se retrouvera veuve le jour même de ses noces.

L'auteur

F

ederico Garcia Lorca nait près de Grenade dans une famille bourgeoise et libérale d’Andalousie en 1898. Il s’initie très jeune à la poésie, à la musique et à la peinture et suit des études de lettres et de droit à l’Université de Grenade, puis de Madrid. Il se lie d’amitié avec Salvador Dalí, Luis Buñuel et Sanchez Mazas et devient l’un des initiateurs de l’art moderne en Espagne. Federico Garcia Lorca s’intéresse, outre la poésie, à la peinture, à la musique et surtout au théâtre. Après l’échec de sa première pièce de théâtre le Maléfice du papillon (1920), il se consacre presque exclusivement à la poésie. Ses oeuvres, Canciones (1921) et Romancero gitano (1928), influencées par la tradition orale et le folklore andalous lui procurent une notoriété croissante.

Victime d’une dépression de ne pouvoir vivre son homosexualité en toute liberté, il fait un voyage aux Etats-Unis en 1929-1930 où il donne des conférences. Après le rétablissement de la République espagnole, il est nommé directeur de La Barraca, société de théâtre étudiante subventionnée pour présenter le répertoire classique dans les provinces rurales. Dans les dernières années de sa vie, il se consacre essentiellement à la création théâtrale. En juillet 1936, au début de la guerre civile, Federico Garcia Lorca se rend de Madrid à Grenade, ville puritaine et réactionnaire. Sans doute à cause de son homosexualité, il est arrêté́ par un groupe de répression fasciste et est assassiné quelques jours plus tard, puis jeté́ dans une fosse commune. Federico Garcia Lorca est l’un des écrivains espagnols les plus célèbres après Cervantès. Il a su allier l’héritage du folklore, la tradition populaire au romantisme, au symbolisme et aux mouvements d’avant-garde des années 1920, laissant une oeuvre originale et inclassable.

Mettre en scène le théâtre de Lorca implique de se plonger de manière précise dans sa biographie. Ce n’est, en effet, qu’en s’attachant à la vie et à la personnalité du poète assassiné que l’on peut comprendre le fondement intrinsèque de son oeuvre dramatique : les mécanismes et les conséquences de la frustration. L’homosexualité de Lorca était connue et il lui est même arrivé de se faire insulter tandis qu’il venait saluer à l’issue d’une représentation d’une de ses pièces. La frustration dont il a souffert n’est donc pas le simple fait de la clandestinité à laquelle il a été souvent contraint. Elle est davantage liée à la conscience du poète de son impossibilité à pouvoir construire une véritable vie de couple. Le refoulement physique parfois forcé ne vient que s’adjoindre au renoncement de la vie à deux.

« Il tient à peine dans la main, mais il pénètre froidement dans les chairs stupéfaites et se fiche à l’endroit où tremble et s’étire l’obscure racine du cri. »

La mère, acte 3, dernier tableau

Captation du spectacle