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Roberto Zucco

Bernard-Marie Koltès

  • Mise en scène, scénographie, dramaturgie : Alain Grand
  • Assistanat : Matthieu Corajod
  • Création lumières : Marc Boyer
  • Construction décor : Marc Boyer, Martial Lambert
  • Création costumes, coiffures, habillage : Linda Guenin
  • Régie générale : Jacques Modoux, Marc Boyer, Héloïse Savary
  • Régie plateau : Mathieu Brocas, Sylvain Balmat
  • Maquillage : Rachel Roggo
  • Photographies : Sylvain Balmat
  • Soufflerie : Pierre- Galley
  • Univers sonore : Yannick Neveu
  • Graphisme publicitaire : Héloïse Pillet
  • Musique : Massiv Attack, Miles Davis, Claude Bolling, Gabriel Yared
  • Sources historiques : Christophe Hondelatte
  • Captation : Alain Ruffieux
  • Techniciens montage : Loïk Derré
  • Personnel d'accueil : La Troupe
  • Coproduction : Collège du Sud, CO de la Gruyère, Théâtre du Latécoère
Jeu :
  • Marion Bapst
  • Elodie Colonello
  • Rozenn Derré
  • Ana Fontes Martins
  • Carole Gerber
  • Fiona Hoffer
  • Jacqueline Hubickova
  • Marie Pasquier
  • Justine Waeber
  • Fabien Gerber
  • Yannick Gigandet
  • Loris Grandjean
  • Ludovic Heimo
  • Pablo Müggler
  • Thomas Roulin
  • Lucien Roussy
  • Grégoire Saerens
  • Quentin Van Wynsberghe

Synopsis

L

es toits d’une prison, la nuit. Un tueur s’évade. La même nuit, une gamine fugue, échappe à la surveillance étouffante de sa famille. Deux destins qui se croisent, deux trajectoires en perdition, qui traversent la scène et le monde et s’entraînent dans leur chute...

L'auteur

B

ernard-Marie Koltès est un auteur dramatique français, né à Metz le 9 avril 1948 et mort à Paris le 15 avril 1989.Bernard-Marie Koltès est né dans une famille bourgeoise de Metz. Dès sa jeunesse il est violent, alcoolique, drogué, et ancré dans la révolte (à l'image de celle de Jean Genet) ; pourtant il s'initie à la musique de Jean-Sébastien Bach avec l'organiste Louis Thiry. Il voit, à l'âge de vingt ans, Maria Casarès dans Médée. Il rencontre Hubert Gignoux, alors directeur du TNS Théâtre national de Strasbourg, lui propose d'intégrer l'école du TNS ; il y entre en section scénographie, puis y réalise une dizaine de mises en scène. Il commence alors à écrire pour le théâtre. En 1970, il monte sa propre troupe de théâtre, le « Théâtre du Quai » et écrit L'Héritage que Maria Casarès lit pour la radio. Entre un passage au Parti communiste français (1974-1978), de nombreux voyages en Amérique latine, en Afrique et à New York, Koltès crée de nombreuses pièces, comme le long monologue écrit pour Yves Ferry La Nuit juste avant les forêts, qui est montée en off au Festival d'Avignon en 1977 par l'auteur, puis à sa demande, par Moni Grégo au CDN de Lille. Son théâtre, en rupture avec la génération précédente du théâtre de l'absurde, est une recherche permanente sur la communication entre les hommes. Koltès a conçu le personnage de Roberto Zucco à partir de l'histoire réelle du tueur Roberto Succo. Au début des années 1980, il rencontre Patrice Chéreau qui devient son metteur en scène. Mais l'écrivain, malade, décède à quarante et un ans du SIDA.

Bernard-Marie Koltès, dont les textes sont traduits dans une trentaine de langues, est un des dramaturges français les plus joués dans le monde. Avec Retour au désert, il entre au répertoire de la Comédie-Française, dans une mise en scène de Muriel Mayette, mais une controverse avec ses ayants droit conduit à l'annulation des représentations.

Le théâtre de Koltès, fondé sur des problèmes réels, exprime la tragédie de l'être solitaire et de la mort. Comme les auteurs absurdes, il se sent exilé. Cependant Koltès se fonde sur des racines classiques : Marivaux, Shakespeare dont il traduit Le Conte d'hiver, que l'on retrouve dans Roberto Zucco. L'une des scènes de "Roberto Zucco" a été empruntée à la prise d'otages de Glatbeck, en août 1988. Il est influencé par Rimbaud et Claudel ; il retient de ce dernier l'idée de communion avec le spectateur lors du théâtre. Auteur d'un théâtre de révolte, Koltès est homosexuel dans un monde hétérosexuel. En Afrique, il voit la culture africaine écrasée par les Européens. Ce sujet devient la pièce Combat de nègre et de chiens. Après une visite en Amérique, il écrit Quai Ouest, sur un frère et une sour dans une culture étrangère.

Dans Prologue & autres textes, il écrit de manière explicite son sentiment d'étrangeté face au théâtre et à la culture de son temps : alors que le film de kung-fu Le Dernier Dragon n'a reçu pratiquement aucune critique et peu de spectateurs à Paris - « encore un film de kung-fu » - lui, en revanche, crache à terre de dépit en disant « encore un film d'amour ». Car la supériorité des films de kung-fu, termine-t-il, c'est qu'ils parlent le mieux d'amour tandis que les films d'amour parlent "connement de l'amour, mais en plus, ne parlent pas du tout de kung-fu". Dans Dans la solitude des champs de coton (1987) mais aussi la plupart de ses pièces, les relations humaines sont envisagées parfois sous une perspective ethnologique (les êtres humains se rencontrent comme des chiens et des chats, sur des problèmes de territoire), voire une perspective économique (le contrat comme métaphore des relations entre individus et moteur d'une rencontre).

« Partir, laisser dans le dos la lumière, la lourde et sordide lumière sans secret, et fausse, et trompeuse. Sortir, la porte fermée, définitivement fermée dans le dos, on avance et on cherche, on avance tout droit, sans choisir, sans rien voir, et marcher, marcher, marcher encore. »

B.-M. Koltès

Note

L'

auteur se promène dans le métro. Il est frappé par le placardage d’un avis de recherche, celui de Roberto Succo assassin de sa mère, de son père, de plusieurs autres personnes et d’un inspecteur de police. Ce visage le frappe, il veut le comprendre en écrivant une pièce sur lui. Koltès compose donc une pièce en quinze stations, marche vers la mort de celui qui, sous sa plume, est devenu Zucco. Comme les combattants d’une guerre civile, Zucco semble être pris d’une forme d’autisme et tue sans conviction jusqu’à sa propre disparition. Ce meurtrier en révolte contre notre monde peuplé de meurtriers tue « pour rien, sans raison, il déraille ». Mais Roberto Zucco n’est pas un cas à part. Il est seulement celui à qui revient le rôle de porter au grand jour la folie meutrière que chacun de nous porte en soi. Non seulement il est le bras armé des protagonistes de la pièce mais l’image du fantôme de l’assassin que, spectateur, l’auteur porte en lui. Il est notre assassin, celui qui pressent l’indicible, celui qui, transparent, fouille au fond des âmes. Bien entendu ce rôle-là est impossible. Celui qui est revenu de l’enfer de la « maison des morts » pour révéler nos peurs ancestrales, celui qui a voulu voler au-dessus de la banalité de notre condition humaine ne pourra que trouver la mort dans son ultime envol. Icare ou la chute des anges. Koltès écrit Zucco juste avant de mourir et la cavale de son héros vers la mort est aussi la sienne. Et comme toujours chez Koltès, la pièce nous raconte des histoires de famille avec violence, tendresse et ironie constamment mêlées.

Captation du spectacle